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La boucherie littéraire.
8 mars 2017

jour 1 // La temporalité de ma folie

Jour 1 : 14h21

Je sais pas quoi raconter, il y a tellement de choses à écrire, que je ne sais plus par quel bout commencer,

Est-ce que je vais commencer par raconter du quotidien, où est-ce que je vais commencer par parler du symbolique ?

J’y réfléchis.

Je crois que je vais commencer par le symbolique, parce que c’est ce qui importe, je crois, ou plutôt parce que, quelque part, il faut que je me présente.

C’est un usage, et je crois que je l’accepte.

Donc voilà, je vais parler de moi, ma pomme, ma petite personne, mon petit nombril. C’est amusant, je pensais, au cours d’une de mes aventures nocturnes comment l’univers pouvait il tourner autour d’autant de nombrils simultanément ? Comme si l’univers, multiple et relatif était tellement immense, que chaque détail de son existence en était son point central. à cet instant précis, des gens sont en train de se marrer, de pleurer, d’aimer, de danser, de se droguer et tout ça dans un bordel tellement immense et joyeux que nul être doté d’une conscience ne saurait ou donner de la tête.

 

Ainsi donc, maintenant et pour une heure et demi, je vais faire tourner l’univers autour de mon bidon.

 

J’suis pas binaire, j’me définis peu. Je laisse aux autres le soin de le faire, je le fais pas par réaction au monde, je ne me définis pas tout simplement parce que j’en sais rien.

Dans des données purement techniques j’ai pas loin de 29 j’ai vécu quelques trucs, en m’incluant dans une double temporalité (et là, c’est carrément le bordel)

En fait, il y a la temporalité du monde environnant, celui des rendez-vous, des cours, du travail, de la vie en société.

Puis il y a mon horloge interne, celle ou finalement, le temps ne compte pas réellement, parce que finalement, l’objectif, c’est de faire les choses proprement, sans bavures, d’arriver enfin au sentiment de plénitude la satisfaction d’arriver à la fin d’un  processus, d’un rite initiatique d’une avancée monumentale dans l’histoire de mon humanité.

 

Revenons au propos de départ. Initialement, j’étais un gosse vraiment bizarre, il semblerait qu’on ait pensé de moi, étant petit que j’étais autiste, ou sourd, ou limité, parfois les 3 à la fois, en fait, le monde entier m’ennuie, pas qu’il me fasse chier, a vrai dire, il est passionnant à observer. Le problème, c’est que j’ai jamais su interagir avec le monde du dehors, tout petit déjà, j’étais totalement incapable de faire entrer mon esprit en résonnance avec les canons des discours pré formatés et des conventions sociales.

Puis, il y avait mon monde intérieur, un truc démentiel, y avait des monstres, des héros, des héroïnes qui sentent bon et qui sont badass il y avait une fantasmagorie magnifique dans ma manière de voir le monde. Je me souviens, petit être persuadé d’être un personnage de dessin animé, pas de film d’animation, non, ce format ne s’adapte pas bien au quotidien, plutôt à la série animée, celle qu’on matte à la télé quand on est gosse en rentrant de l’école.

J’avais inventé un jingle que je me chantais dans ma tête, entre chaque « séquence » de ma vie réelle, rendue magnifique par le truchement de mon esprit déjà fertile et de la réalité.

Puis il y avait les questions. Toutes les questions tordues qu’un gamin n’est pas censé se poser, j’ai bien essayé d’obtenir des réponses auprès « des grands », et j’ai vite déchanté, en me rendant compte que mes questions prenaient les adultes au dépourvu, qu’aucun n’était en capacité de me répondre, et que finalement, mon existence serait éclairée que par une seule et unique lumière, que dis-je, on va carrément parler de petite loupiotte grésillante. Celle de l’ignorance.

(oui, on dirait un peu que je me la pète comme ça, normalement, tranquillement, je te raconte qu’à l’âge de 4 ans, j’arrivais déjà aux conclusions de ce bon vieux Platon : « tout ce que je sais, c’est que je sais quedal Bordel » (okay, le bordel, il est de moi, mais placé comme ça, je le trouve tout de même sacrément jouissif.)

Je ne sais pas pourquoi j’ai commencé par cette partie, ou plutôt, je suis pas sûr que ça ait été une bonne idée, il y a tellement de choses à raconter…

Pour maintenant, je me tiens en amphi, j’suis un cours sur la dépression, le risque suicidaire. Etrangement, je ne suis pas trop indisposé par le contenu de ce cours, je dois bien avouer que j’appréhendais pas mal de suivre ce cours, en écho avec ce qu’il se passe en ce moment, dans les méandres de mon vieux crâne.

Mais finalement, ce cours ne fait écho à rien, je ne suis pas concerné par ces idées de TS, j’irais pas boire un grand verre de destop, ni essayer de me pendre, ni même de me défenestrer, j’suis pas de ce bord la, moi, j’suis un mec discret, probablement parfois un peu trop. J’ai pas envie de faire de vagues, puis, j’ai pas fini le travail, j’ai promis, j’préfère prendre mon temps, j’irais bien boire des coups ce soir, prendre une cuite et fumer comme un pompier, enfin, tout plein de trucs comme ça. La fameuse mort lente et douloureuse dont on nous agite le spectre sur chaque paquet de tabac.

Ptêtre qu’en fait, j’aime bien ça, en chier. Peut-être que j’éprouve du plaisir à me laisser couler dans cette merde, j’aime me sentir mal ? Je sais pas, je crois pas en fait, je crois surtout qu’on s’y habitue. On s’habitue à tout. Ça reste là, gênant, fatigant, angoissant, mais on finit tout de même par s’en foutre. Grand malheur de notre époque, d’ailleurs, on se fout de tout, on s’envoie les uns les autres se faire foutre, à croire qu’on a jamais autant éjaculé qu’au 21eme siècle. C’est un joli slogan ça, pour le tourisme temporel, quand on arrivera à voyager dans le temps «  venez vous faire foutre par assistance numérique au 21ème siècle » faut avouer que c’est pas mal, ça vend sans doute plus que de se faire un petit tour par Auschwitz land ou un « camp de rééducation au bonheur obligatoire Tycoon. »

 

En fait, je crois que ces camps, ils ont complètement explosés, ils sont sortis de leurs propres limites, ils ont perdu leur existence physique pour n’être qu’une existence symbolique. Le monde entier est un énorme camp de concentration dans lequel on nous enjoint d’être heureux, de consommer, et de jouir… Bordel, jouir, toujours et encore, en permanence, l’œil greffé sur son Iphone, dans le bus, dans le métro, au volant, dans les repas de famille. C’est crade, quand on y pense, on jouit à table en face de nos grands-mères octogénaires à dentiers. Génération gérontophile, et pédophile d’ailleurs. Cette génération, cet univers est devenu polymorphiquement pervers, tout ce qui vit n’est plus qu’un objet de culte sexuel, les femmes, les vieux, les enfants, les asiatique et les arabes, tous ne sont plus vu que par le prisme de la sexualité. Ce putain de point central du monde, en fait, tout a l’heure, je disais que le monde entier tournait autour d’un milliard de nombrils, et même plus. Mais cette assertion est probablement fausse. Si les univers tournent, ils ne tournent probablement qu’autour d’une immense paire de couilles enfin, je dis une énorme paire de couilles, c’est probablement une paire de trompes d’ovaires. D’ailleurs, c’est pas vraiment surprenant qu’on pense que l’origine du monde est un vagin.

Voila,

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Commentaires
La boucherie littéraire.
  • J'assume ce que j’écris, ça n'a pas été facile, ça a mis même des années, mais je crois qu'il est temps d'assumer. J'écris avec mes tripes, ça dégouline, ça boue, ça gicle dans tous les sens: une vraie boucherie!
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