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La boucherie littéraire.
16 juin 2016

Le clown.

mon premier souvenir,

c'est un clown.

un automate.

C'est mon premier souvenir a moi,

le seul quine soit pas falsifiable, parce que mon interprétation de ce souvenir diffère de celui de mes proches.

 

Lorsque j'étais enfant,

je me souviens de nuits passées dans un lit à barreau,

ou plus exactement à filet,

m'empêchant de sortir,

m'obligeant a dormir.

 

Déja a l'époque, je n'aimait pas ce moment, où, forcé de dormir par convention sociale, j'ai tout le loisir de penser, de me promener dans ma tête, d'imaginer le monde, de le toucher, de le façonner tel que je l'aimerais, de penser à tous les tracas de la vie,à tous les malheurs qui touchent ce monde, et à tout ce que mon esprit, libéré des contraintes de la parole décide d'explorer.

Ce souvenir, me semble dater de 1991, j'avais donc 3 ans.

 

A 3 ans, on imagine la vie d'un enfant belle,

et la mienne l'était surement,

je n'avaitque peu d'obligations,

j'avais peu vécu,

et ne souffrait donc pas trop de ma condition d'humain.

 

 

Mais à 3 ans, j'avais un clown. un automate,

qui faisait une petite musique lorsqu'on remontait la clef papillon fixe sur son dos,

et chaque tour de clef lui faisait jouer une mélodie, une berceuse.de brahms, avec des sonorités métalliques, de boite a musique, une berceuse qui m'a suivi et me suivra toute ma vie.

Ma mère, souhaitant me calmer, actionnait chaque soir cette petite clef à l'arrière du clown,

et à chaque fois, voyant ce petit automate produire cette musique et tourner lentement sa tête, je fondais en larme, ne pouvant m'empêcher de pleurer.

 

Plus tard, ma mère et ma soeur m'ont dit qu'elles imaginaient que ce clown me faisait peur.

Mais la raison de mes pleurs était tout autre.

je pleurais car je trouvais ce clown désespérément triste, je ne sais pas pourquoi, mais lorsqu'il tournait sa petite tête, il semblait porter sur ses épaules un chagrin tellement énorme qu'il fallait,

que je devais le soulager.

seulement, j'étais incapable de communiquer avec lui, et lui, était totallement incapable de m'expliquer les raisons de sa peine.

ne pouvant faire autre chose, je pleurais avec lui, partageant sa peine et sa douleur.

Chaque nuit

 

Ce pauvre petit automate avait apaisé ma soeur avant moi, et a probablement apaisé un milliard de personnes avant moi, sans que jamais personne ne puisse rien faire pour lui même.

 

Parfois, je me sens comme ce clown, je fais rigoler les copains, les enfants, et probablement le monde entier, je fais de mon mieux pour apaiser les douleurs de mes proches, mais je reste moi aussi totallement incapable de communiquer les raisons des maux qui m'accablent, probablement parce que je ne sais pas moi même les identifier.

 

je réécoute parfois cette berceuse, et à chaque fois, je pleure,

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La boucherie littéraire.
  • J'assume ce que j’écris, ça n'a pas été facile, ça a mis même des années, mais je crois qu'il est temps d'assumer. J'écris avec mes tripes, ça dégouline, ça boue, ça gicle dans tous les sens: une vraie boucherie!
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